Philosophie - Notion - L'Etat

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L'Etat représente l'ensemble des institutions (police, armée, justice...) qui organise le pouvoir au sein d'un territoire donnée. Il est chargée de la bonne exécution des lois sur ce territoire. Pour cela, il dispose pouvoir de contrainte, il peut alors utiliser la violence, il s'agit du monopole de la violence légitime dont seul l'Etat dispose.

Mais à tous besoin d'un Etat pour vivre en communauté ? Les hommes et les femmes en société ont-ils besoin d'être gouvernés ? Et si oui, d'où provient la légitimité de cet Etat ? Enfin, qui peut ou est en droit de gouverner, quels sont les hommes ou les femmes dignes de cette charge ? Voilà les principales réflexions et thèmes que l'on peut aborder à travers de cet notion d'Etat.

Avec la notion de l'Etat on entre dans le domaine de la politique dont l'étymologie en grec ancien est polis ou la cité organisée. 

A-t-on besoin d'être gouverné ?

L'Etat est une réalité politique que l'on observe à peu près partout autour du globe. En 2022, par exemple* on dénombrait 195 pays, ou Etats, dans le monde. Certains penseurs comme les anarchistes, rêvent d'une société sans Etat. Pour eux, il est possible de distinguer la société et l'Etat. La première pouvant s'administrer seule. Mais alors pourquoi la majorité des êtes humains vivent dans des sociétés organisées par l'Etat ? 

La réponse de Jean-Jacques Rousseau (18ème siècle):

Pour Rousseau, il existe la tentation de comparer l'Etat et la famille. Comme le père de famille disposant de l'autorité sur les membres, l'Etat serait celui qui trône au dessus de la communauté pour la diriger. L'Etat organiserait alors la grande famille qu'est la société civile. Rousseau récuse cette analogie, l'Etat n'est pas une grande famille mais une institution qui vocation à durer dans le temps. La famille se renouvelle, périt, l'Etat lui demeure.

Alors pourquoi obéir aux lois instaurées par l'Etat ? A cette question répond que la loi nous oblige tout en nous protégeant. Cette obéissant n'a rien a voir avec une relation de soumission. Le citoyen obéit à une règles, non à celui qui est chargé de la faire respecter: "Un peuple libre obéit mais ne sert pas, il a des chefs et non des maîtres" (Huitième lettre écrite de la montage)
Rousseau ajoute, et c'est là l'essentiel, que la loi garantit la liberté civile. En organisant la vie en société, la loi permet l'épanouissement de la liberté de chaque individu.

Le réponse de Platon

Pour Platon la loi a toute son importante pour organiser la vie en société. Dans son dialogue Des lois, le philosophe grec explique que l'individu n'a pas naturellement le sens de l'intérêt général. Nous sommes enclins à suivre notre intérêt personnel plutôt que celui du bien commun. Les lois servent donc à contraindre le citoyen à agir dans l'intérêt de la communauté. 

La réponse de John Stuart Mill

Pour Mill gouverner ne revient pas à diriger les conduites privées. L'Etat ne doit pas user de la force ni de la contrainte pour interdire qui est nuisible à autrui. La force ne doit être employé que lorsqu'il y a menace sur autrui. Mais le gouvernement ne doit s'immiscer dans les mœurs privées/

Dans son oeuvre De la libertéMill définit ainsi les bornes, les limites de la souveraineté de l'Etat, en faisant la distinction de ce qui relève du domaine public et du domaine privé qui est du ressort de l'individu.

Quel est la légitimité de l'Etat ?

Si l'Etat est la forme d'organisation du pouvoir la plus courante au sein des sociétés humaines, quel en est le fondement*, quel est son principe fondateur qui le rend légitime pour ceux qui y vivent ? La question de la légitimité de l'Etat, de son pouvoir et donc de son exercice est une question ancienne de ce que l'on appelle la philosophie politique. 

La réponse de Thomas Hobbes:

Pour le philosophe anglais du 17ème siècle, l'Etat est un rempart contre la violence, c'est sa thèse dans son ouvrage intitulé Du Citoyen. En suivant sa théorie du contrat social, les membres de la société abandonnent leur liberté naturelle à l'Etat. Ce dernier leur garantit en échange la sécurité de tous. 
Pour Hobbes l'Etat, les lois qu'il promulgue, permettent l'émergence d'une société civile qui est la seule susceptible d'assurer la paix, la concorde, la solidarité et donc la vraie liberté.
Car la liberté dont jouissent les hommes à l'état de nature est celle du chacun pour soi, de l'égoïsme, où chacun poursuit ses propres intérêts, et ce sans limite. 

La réponse de Locke:

Pour John Locke, près d'un demi siècle Hobbes, la légitimité de l'Etat consiste à  ne servir que le bien du peuple. L'exercice du pouvoir doit se restreindre à la préservation des libertés dont dispose naturellement tout individu. L'Etat doit aussi être le garant de la propriété privée. 

La réponse de Montesquieu:

Dans son ouvrage de l'Esprit des lois Montesquieu définit la manière dont les pouvoirs doivent être organisés pour un fonctionnement équilibré. Les trois grands pouvoirs, législatif, judiciaire, et exécutif doivent être séparés. Aucun de ces trois pouvoirs ne doit être détenu par la même personne ou le même groupe de personne.

La réponse de Alexis de Tocqueville

Tocqueville s'est intéressé à l'évolution des sociétés démocratiques dont il a vu l'avènement aux Etats-Unis aux 19ème siècle. Dans De la démocratie en Amérique(1835) Tocqueville entrevoit la possibilité d'un Etat tutélaire et d'une servitude de la population. Pour Tocqueville la démocratie est d'abord un état social caractérisé par l'égalité des conditions: les privilèges disparaissent, chacun peut prétendre occuper n'importe quelle position sociale. 
Dans ce nouveau régime politique il y a le risque que les individus préfèrent l'égalité à la liberté. Chacun étant replié sur sa petite communauté, les citoyens finissent par se désintéressé des affaires publiques, et confient à l'Etat le soin de régler leurs vies. 

La réponse de Max Weber

Weber a théorisé le concept de monopole de violence légitime de l'Etat. L'Etat est le seul agent qui peut "légitimement" usé de la violence au sein de la société pour en faire respecter les règles. Mais d'où peut provenir cette légitimité ? Weber dans Le savant et le politique(1919) distingue trois sources de légitimité du pouvoir politique: la tradition (le roi ou le patriarche), le charisme (le despote), la compétence rationnel (le bureau cadre, l'agent publique qui dispose d'un diplôme ou d'une compétence reconnue comme le sachant ou le savant).

La réponse de Paul Ricoeur

L'Etat est fondé sur un idéal, celui de l'intérêt commun, et des valeurs universelles, cependant note Paul Ricoeur dans Histoire et vérité(1955) dans la pratique il peut en être autrement. Dans la réalité, l'Etat s'incarne dans des personnes qui peuvent ne pas avoir le souci du bien commun, mais de leurs intérêts particuliers. Il existe donc un risque d'abus de pouvoir, et que l'idéal entre en contradiction avec la pratique.

La réponse Rawls 

Selon Rawls dans son ouvrage  Théorie de la justice(1971), chaque citoyen peut protester, mais sans violence, contre une loi qu'il estime injuste ou illégitime.

Qui peut gouverner ?

On l'a vu, un Etat c'est aussi des gouvernants, des personnes qui détiennent le pouvoir. Qui est fondé à exercer le pouvoir et comment ?

La réponse d'Aristote

Pour le philosophe grec, le pouvoir est une charge et non un privilège. Pour Aristote (Les politiques IVè s av. J.-C), les détenteurs du pouvoir doivent servir la communauté, et non se servir. Le pouvoir est une compétence qui s'acquiert notamment en ayant été soumis à l'obéissance au préalable pour le comprendre. Un général aura d'abord été soldat. Commander sans abuser de son pouvoir.

La réponse d'Auguste Comte

Pour Auguste Comte, gouverner et administrer la société est un savoir qui s'acquiert et qui nécessite des connaissances. Toutefois souligne-t-il les responsables politiques, pas plus que le peuple, ne sont détenteurs de ce pouvoir. La société a besoin d'acteur indépendant à même de juger de l'exercice du pouvoir. C'est notamment le rôle de la presse et des médias.

La réponse d'Emile Durkheim

Pour Durkheim dans De la division du travail social(1893) l'équilibre de l'Etat exige des contre-pouvoirs. Car si l'Etat est facteur de libération, de pacification de la société il se peut qu'il se peut qu'il devienne lui-même oppresseur. Il est donc nécessaire d'instaurer des contre-pouvoirs (syndicats, associations, médias...) pour éviter cette dérive.




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